Depuis la nuit des temps, dans tous les pays du globe, les châtiments corporels et les humiliations verbales ont fait partie de la vie quotidienne. Au sein du foyer, à l’école, au travail, à l’armée, dans les prisons, les bagnes pour enfants et les hôpitaux psychiatriques, les coups pleuvaient.
Même si elles subsistent çà et là dans certaines contrées, le temps de ces pratiques est révolu ; de nos jours, au 21ème siècle, elles ne sont plus considérées comme tolérables. Et c’est heureux.
Pourtant, si la législation a évolué et protège femmes et hommes des sévices corporels, elle ne protège toujours pas les enfants ! Seuls 33 pays se sont dotés de lois les protégeant de ce qu’il est convenu d’appeler : La Violence Educative Ordinaire ou V.E.O.
Il ne s’agit bien souvent que de quelques coups, claques, fessées, injures. Certes, elle ne mène pas, fort heureusement, à une hospitalisation. Mais les parents trouvent toujours à la justifier, hélas, et fonde pour nombre d’entre eux encore, les principes d’une bonne éducation.
Affirmons-le tout net : cette violence éducative est, pour celui qui l’applique, l’aveu d’une faiblesse.
Considéré comme banal, il est souvent jugé normal de gifler, tirer les cheveux ou humilier verbalement un enfant pour se faire obéir et prétendre l’éduquer. Cette violence est même encore, parfois, employée au sein même de l’école ou de la crèche.
Or, et je le redis, nos sociétés du 21ème siècle n’attendent plus des parents et de l’école de former les enfants à un ordre moral et social, mais bien de faire émerger une personnalité en facilitant et en enrichissant le potentiel naturel de l’enfant.
Pour cet objectif, la violence éducative ordinaire est absolument contre-productive !
L’enfant n’évolue pas seul ; sa relation à sa famille est forcément de nature dépendante
La V.E.O. est très fréquente, sévit dans tous les milieux et toutes les cultures : 84 à 95% des adultes la pratiquent plus ou moins régulièrement selon les chiffres de l’UNICEF (source : Progress for children, a report Card on Child Protection-2009).
Bon nombre de parents, de nounous et d’enseignants pensent encore, en toute honnêteté, qu’il ne peut y avoir de bonne éducation sans coercition ni punition. Selon eux, pour vraiment éduquer il faut dresser en éveillant chez l’enfant la crainte et la soumission. L’apprentissage de la vie se fait dès lors par l’empreinte d’une souffrance psychologique.
Entendons-nous bien : il ne s’agit nullement de stigmatiser qui que ce soit. Une fessée (pas de gifle ! le cerveau est fragile ! les os du crâne protègent peu car sont encore trop souples. Et même adulte, notre tête reste à protéger !) peut nous échapper dans un moment de panique ou de peur parce que le jeune enfant s’est mis en danger, échappant un instant à notre vigilance. Mais il faut absolument, le calme revenu et le danger écarté, s’excuser et expliquer son geste malheureux, exprimer clairement des regrets. C’est la vertu de l’exemple. C’est aussi se faire respecter que de reconnaître ses erreurs.
Parents, une autre parentalité est possible, je vous l’affirme ; elle porte le nom de Parentalité Bienveillante et l’un de ses outils essentiels est la Discipline Positive. Et comme toute chose nouvelle, elle s’apprend. Elle doit justement être apprise pour que cessent les réflexes archaïques d’une violence banale, réitérée durant des siècles, parfois même au sein de sa propre famille au temps de notre enfance, et qui ne sert qu’à dévaloriser notre rôle de parent, notre rôle de guide avisé et aimant, protecteur et respectable. (voir Ateliers Parents)
Article rédigé d’après le livre de Catherine Gueguen, Pour une enfance heureuse (voir Ressources).
FLORILÈGE DE LA V.E.O.
Souffrances physiques
- Gifle
- Fessée
- Tirer les oreilles
- Tirer les cheveux
- Coups de ceinture ou de martinet
- Douches froides
- Coups de règle sur les doigts
et d’autres pratiques encore moins avouables…
Toute cette violence est préjudiciable à l’enfant qui jour après jour, a à se construire dans un monde qu’il connaît à peine. Tout naturellement déjà, nombreuses sont les choses nouvelles qui l’effraient : certaines images, certains bruits, des objets ou des insectes étranges, des animaux plus gros que lui (au reste éviter d’offrir des peluches géantes à un tout-petit).
Souffrances morales
Elles peuvent paraître anodines mais sont tout autant délétères, laissant des traces indélébiles sur la construction de l’estime de soi et la confiance que l’enfant aura en lui-même et dans autrui. Les difficultés surgiront quant à ses apprentissages sociaux, cognitifs, intellectuels et émotionnels.
En effet, l’amygdale rhinencéphalique, centre de la peur (et donc aussi de la colère) est très active alors que l’hippocampe, centre de la mémoire l’est beaucoup moins car en cours de formation.
- Injures
- Vexations
- Cris
- Humiliations
- Menaces
- Chantage
Votre rôle est de le rassurer et non d’ajouter à ses craintes légitimes des peurs supplémentaires qui l’insécurisent et font croître son angoisse d’être au monde !
Par ailleurs, vous devez savoir qu’aucune peur provoquée, aucune crainte n’engendrent le respect et encore moins l’amour. La V.E.O. ordinaire ne permet pas à votre enfant ni de vous respecter, ni de vous aimer véritablement, ce dont justement il souffrira beaucoup car il ne parviendra alors pas à s’aimer et à se respecter lui-même.
Pour autant, il n’apprendra que la terreur de vous perdre comme celle de vivre dans un monde hostile qui ne veut pas de lui. On est loin de la niche sensorielle et sécure qu’on lui doit !
La discipline positive contribue à l’éducation d’enfants heureux qui deviendront des adultes empathiques et confiants en eux-mêmes.